Marcel, fils de marchand de bestiaux, à Melle (Deux-Sèvres) était l’aîné d’une fratrie de 11 enfants. À la mort accidentelle de son père, il devient chef de famille et cultivateur à 14 ans, ce qui ne l’empêchera pas d’être envoyé en Algérie, l’année de sa majorité en 1956 et cela jusqu’en 1958. Fait tout à fait exceptionnel, ils seront quatre frères qui partiront faire leur service militaire en Algérie pour une guerre qui ne dira son nom qu’en 1999. Michel, à Colomb-Béchar aux portes du Sahara (de 1959 à 1960), Auguste, dans les Aurès (de 1960 à 1961) et Yvon à Tlemcen (en 1962). Celui qui racontera sa guerre, c’est Auguste. Il expliquera dans un livre de 600 pages les raisons de son traumatisme. Mais le seul qui est décédé aujourd’hui, c’est mon père. Je croyais tout savoir sur lui et j’ignore tout de sa guerre : où il était affecté, quelles étaient ses missions. Je vais mener l’enquête au CAPM de Pau (Centre des Archives du personnel militaire), auprès de ses frères (ceux qui sont partis en Algérie et ceux qui les ont attendus), de sa sœur Marie-Thérèse et de son petit-fils préféré Hugo. Une enquête pour savoir mais également pour comprendre la signification d’un tel silence au sein de ma famille.